Retour sur les 16° Universités d'été de l'ADGCF
Synthèse de Cécile WENDLING, prospectiviste, chercheuse en sciences sociales
Conférence du jeudi matin
Le travail est-il une valeur ?
Laurent Berger a souligné que le travail n'est pas que de la production et de la souffrance, ce sont avant tout des mutations qui se combinent et exigent plus de dialogues :
- des inégalités entre travailleurs en croissance ; pour ce qui concerne la rémunération, la visibilité, la condition de travail (accès au télétravail ou pas)
- le changement climatique qui pose de nouvelles questions de santé au travail et de transformation des tâches à effectuer, la création de nouveaux métiers
- des innovations technologiques (IA, etc)
- une intensification du travail (Low cost, plus à faire avec moins)
- des nouvelles formes d'organisation du travail (organisation apprenante )
- le respect des agents et des usagers avec la question de la montée de la violence verbale et physique sur le terrain et comment refaire lien et démocratie au travail.
Un mot clé en résumé : les dialogues (travail sur la gouvernance, le dialogue social, l'inclusion de temps réflexifs etc)
France Burgy souligne trois niveaux d'attentes des agents :
- le sens avec le fait d'avoir la vision globale comme boussole même si elle reste de l'ordre du pari aux vues des incertitudes en jeu en ce moment
- l'autonomie avec le fait de fixer le quoi et le pourquoi mais de laisser la main aux agents sur le comment
- la reconnaissance qui signifie : connaître les agents, pas forcément leur apporter une solution mais d'entendre et d'écouter leur perception des choses/ inclure des moments de convivialité et de partages
En résumé, trois T ressortent de la table ronde :
- terrain : aller sur le terrain quand on est en direction, proposer aux élus aussi de le faire, car le territoire est une richesse et le lien au concret des pratiques permet de faire de la cohésion par le sens
- transformations : elles sont nombreuses et se cumulent, s'inter-mêlent et il faut cultiver une vision systémique
- talents : il y a un fort enjeu de recrutement et d'attractivité : redonner de l'autonomie est important pour continuer de motiver et de permettre épanouissement par le travail
Ateliers
Un monde du travail chamboulé : quelle anticipation stratégique, quel discours de la méthode, quelles expérimentations managériales pour le DG d'intercommunalité ?
La « Fresque du Travail » est une démarche innovante conçue pour explorer les problématiques professionnelles et enrichir les échanges au sein des équipes. Ce processus, proposé par Denis Cristol (https://apprendre-autrement.org) pour l'ADGCF, vise à encourager une réflexion collective sur les enjeux du travail en favorisant l'écoute active et la co-construction. Structurée en cinq étapes, la démarche débute par un échange en binôme permettant d'exprimer sans interruption les questionnements individuels.
Elle se poursuit par la création d'une fresque collaborative, avec des regroupements successifs, permettant de mettre en lien les idées et de faire émerger des questions clés. La dernière phase invite les participants à identifier des ressources et actions concrètes pour répondre aux problématiques soulevées. Cette approche vise à créer une dynamique d'apprentissage collectif et d'action pour donner du sens au travail.
Téléchargez la fresque du travail : apprendre autrement
Conférence du jeudi après-midi
La "coopération conflictuelle", gage du travail "bien fait" ?
Jean-Luc Tomas nous a parlé des situations de travail concrètes et comment tirer profit des conflits sur la définition du travail bien fait : il a montré la pertinence de permettre à des agents d'auto confronter leur expériences pour avoir ensuite des référents métiers qui échangent avec la hiérarchie et les syndicats pour améliorer les conditions de travail.
Pour lui, il est fondamental de pouvoir se reconnaître dans son travail et de comprendre qu'on n'a pas toujours les mots pour dire son travail…
Conférence du jeudi après midi
L'IA va faire le job
Yann Ferguson a présenté une courte histoire de l'IA qui a révélé :
- que l'IA passe par la data pour produire là où on n'arrive pas à dire justement
- que l'IA fait des corrélations qui ne sont pas causalité et qui pourtant permettent de plus en plus de réaliser des tâches complexes intellectuellement Il a montre que même si l'IA est crainte, elle est de plus en plus utilisée et souvent dans l'ombre !
En résumé les trois I de l'après midi :
- l'imprévu de la dissolution, des avancées de l'IA,
- l'implicite dans le travail qu'il est difficile de mettre en mots, et dans l'IA aussi et ces modèles « boîtes noires »
- l'incompréhension : on utilise chat gpt sans comprendre comment ça marche
On passe du monde VUCA au monde BANI !
Conférence du vendredi matin
Quel est le « sens » du travail dans la société « moderne » ?
Alexis Cukier est parti de la définition du travail sur la base de 4 critères :
- la commande / la prescription
- l'effort intelligent (bildung)
- le système de besoins auxquels on répond
- la fonction politique du travail
Ce qu'on définit ensemble comme travail est un construit social : on a par exemple exclus du travail les tâches faites en famille par les femmes et le care.
En lien avec l'environnement et le climat on pourrait aussi redéfinir les besoins et donc redéfinir le travail socialement… de nos jours !
Les fonctions sociales du travail sont :
- de sélectionner certaines vertus et émotions ( ex : enseignement)
- de diviser le corps social en catégorie (ex les csp)
- d'intégrer socialement
- de réguler (ex : lien entre politiques familiales et travail )
- et c'est aussi un outil pour transformer la société ( à travers la définition des besoins prioritaires )
Conférence du vendredi matin
« Entre finalité et moyen : où en est onde notre relation au travail » ?
Julia de Funès a expliqué qu'elle percevait notre époque comme celle du « précotionnisme aigu »; pour elle, l'inflation procédurale engourdit l'intellect. Elle propose de revenir à la volonté et au désir, à la Nietzsche ou à la Sartre. Elle ne comprend pas que les entreprises investissent le sujet du « bien être » qui reste pour elle un enjeu subjectif, individuel, très lié à des éléments contingents.
Elle récuse l'approche « talents » qui selon elle place tout le monde sur le même pied d'être « talent » au lieu de reconnaître ce qui distingue les individus.
Elle promeut une logique de l'action, qui signifie :
- prendre des risques
- se poser en conscience la question du sens
- miser sur la confiance
Retours en dessins sur les 16° Universités d'été