Organisation, RH, management, liens avec les communes… après plus de 6 semaines en état d'urgence sanitaire, la crise s'installe durablement dans le quotidien des DG d'intercommunalités. Aujourd'hui, nous vous présentons le témoignage de Marie-Noëlle Anduru, DGS de la Communauté de communes du Val de Vienne, secrétaire nationale de l'ADGCF.


Interview de Marie-Noëlle ANDURU

Quelle a été votre première action suite à l'annonce du confinement obligatoire ?

La mise en place du télétravail. Les équipes de la communauté de communes se sont mises en ordre de marche dès le lendemain des premières annonces présidentielles. Le 17 mars matin, les agents et les serveurs étaient connectés, les payes traitées et le chat interne mis en place. Il a fallu s'adapter et innover, nous n'avions pas le choix et suite à ces dernières semaines compliquées, je peux dire que je suis très fière de mes équipes. Elles ont su se mobiliser, être solidaires et monter au front !

J'ai été particulièrement vigilante aux cas particuliers comme les jeunes parents ou les personnes isolées.  Cela fait partie des écueils à éviter avec la mise en place du télétravail contraint et que nous avons appris à appréhender au fur et à mesure de cette expérience. De plus, il faut préserver, entretenir et animer le lien entre les agents pour continuer à garder un équilibre au sein des équipes.

 

Quelles ont été vos relations avec l'État, les autres niveaux de collectivités et les réseaux locaux ?

Le dialogue avec l'État déconcentré a mis du temps à se mettre en place. Au départ, nous nous sommes sentis très seuls car nous n'étions pas identifiés. Nous recevions même les informations de la Préfecture par nos communes membres. Nous avons vraiment besoin d'être accompagné par l'État et je me félicite que la relation soit enfin établie.

En revanche, la région Nouvelle-Aquitaine a renforcé ses liens avec les intercommunalités dès le début de la crise notamment sur les problématiques économiques ce qui confirme l'importance d'une stratégie commune du couple Intercommunalité-région sur ces questions majeures pour le développement de nos territoires. Dans ce cadre, une équipe a été chargée de maintenir un lien quotidien avec nous ce qui rend les procédures plus lisibles et rassure les acteurs de terrain.

Pour finir, les partenaires et les réseaux locaux m'ont permis de partager mon expérience et de soutenir des collègues et d'être aussi soutenue. Ainsi, nous avons organisé des journées d'actualités très appréciées avec le CNFPT Limousin et la qualité des échanges entre collègues du réseau des DG de l'ADGCF a favorisé les échanges de pairs à pairs en permettant de gagner un temps précieux en temps de crise grâce aux retours d'expériences.

 

À ce jour, quels sont les premiers enseignements de cette crise ?

En tant que DG, on revient à l'essence même de notre métier : la stratégie et la coordination.

Ces dernières semaines, je suis au plus près de mes équipes pour planifier, organiser, mettre en lien et consolider. Il faut assurer le suivi et l'animation de chaque projet en véritable chef d'orchestre virtuel !

C'est une expérience humaine et professionnelle très intéressante… et très prenante.

Concernant les relations entre les communes, j'anime des réunions en visioconférence pour assurer la coordination des actions mises en place et la veille avec tous les DG de notre territoire. Pour les instances, nous tenons nos réunions de bureau communautaire en visio et nous préparons le prochain Conseil sous le même format. Ces nouvelles méthodes de travail avec les élus pourront perdurer et fluidifier les rapports du bloc local. Tous les acteurs du territoire vivent aussi cette expérience comme une opportunité.

Du côté de la gestion interne, nous avons lancé le chat pour que les agents continuent à avoir une vie de bureau même chez eux. Cette initiative permet de développer l'entraide entre les agents et les moments de complicité où chacun peut discuter et se confier à un collègue. J'ai l'impression que les liens que nous avions se sont renforcés en cette période de crise et j'aimerais que cette solidarité se poursuive au-délà de la période de confinement.

[04/05/2020]