Portrait de DG : Mathieu Lhériteau, DGS de la communauté d'agglomération de Blois – Agglopolys, 45 communes / 105 000 habitant, délégué région Centre Val de Loire de l'ADGCF
« Je suis attaché à la prise en compte des habitants et des territoires »
Quelles sont les principales étapes de votre parcours professionnel au sein de la territoriale ?
J'ai commencé mon activité comme directeur financier en Département. Mais à chaque fois, il s'agissait d'une direction élargie. Ainsi, j'ai pu aussi piloter les dispositifs d'aides aux communes et les relations avec les SEM. Dès le début de mon activité professionnelle, j'ai tenu à ce que les fonctions de pilotages stratégiques aient une relation forte avec le suivi de projets opérationnels.
Par la suite, j'ai élargi mes compétences a l'ensemble du pôle « ressources » comme DGA à la Ville d'Orléans. C'était au tournant des années 2000 et j'ai donc organisé le « passage aux 35h » en appui aux équipes RH dans le dialogue social et le dialogue managérial et le « passage à l'an 2000 » en appui des services informatiques.
Depuis 2002, j'occupe des fonctions de DGS au sein du bloc communal et mon plus grand plaisir à été de piloter des projets d'aménagement urbain. Je dois reconnaître qu'en 20 ans les méthodes et les objectifs ont beaucoup changé. J'ai connu les premières tentatives d'association des habitants à la conception des projets. C'était un choc pour les ingénieurs en interne et encore plus pour les architectes et les urbanistes lauréats des procédures de concours qui considèreraient souvent que les préoccupations d'usage dénaturaient leurs créations. S'agissant des objectifs, je reconnais avoir promu des espaces publics avec parkings souterrains et places minérales par dessus, bien loin de nos nouvelles pratiques de renaturation, de réduction des îlots de chaleur, de gestion intégrée de l'eau de pluie…
Actuellement, comme DGS de l'Agglomération de Blois, je poursuis le travail de mes prédécesseurs pour développer l'intégration communautaire portée par un Président fédérateur. Avant mon arrivée, Alain Farine avait porté la rédaction d'un projet de territoire, ce qui était encore assez rare à l'époque. J'ai prolongé son travail avec des documents stratégiques et normatifs puisque nous sommes désormais dotés d'un PCAET ambitieux et d'un PLUI incluant les volets habitat et déplacements. Dans tous ces documents et dans les politiques publiques portées par Agglopolys, je suis attaché à la prise en compte des habitants et des territoires.
Comment envisagez-vous l'exercice du métier de DG ?
Ce qui me marque au quotidien c'est la responsabilité de « changer la Ville » dans un monde lui même très changeant. L'exigence d'anticiper les manières de vivre, d'habiter, de travailler, de se déplacer est une nécessité pour conseiller au mieux nos élus. Vu des bords de Loire, cela consiste à trouver un équilibre entre les attentes de tous les usagers de nos espaces. Ainsi, il faut adapter les bords de Loire pour limiter les dégâts des crues tout en offrant des espaces aménagés pour les touristes. Le point commun entre toutes les attentes est désormais la prise en compte de la nature. Pendant longtemps, nous avons cherché à protéger les territoires et les habitants contre les événements naturels, désormais les attentes portent sur l'adaptation et la résilience. Cette exigence s'accélère et cela provoque des tensions qu'il faut apaiser. Ces tensions opposent parfois les habitants entre eux comme les partisans du zéro déchet qui discréditent les politiques de tri. Mais cette contradiction concerne parfois les mêmes personnes qui veulent à la fois longer la Loire à vélo au cœur de la nature et visiter juste à côté un des plus grands zoos du monde.
« Donner du sens au management »
Outre, l'adaptation au changement climatique pour nos territoires, l'enjeu d'un DGS aujourd'hui est de donner du sens à son management. La relation au travail change mais je ne pense pas que cela consiste en un recentrage sur sa vie personnelle. Je pense plutôt que nos collègues attendent une meilleure concordance entre vie professionnelle et vie personnelle. Il faut donc proposer des valeurs et des démarches cohérentes. Par exemple, il faut que nos collègues engagés dans l'adaptation au changement climatique sachent différencier leurs convictions des attentes des élus et des temporalités de mise en œuvre. Il en va de même pour les relations sociales. Les pratiques professionnelles de l'aide à la personne évoluent et les gestes professionnels ne doivent pas s'opposer à des approches personnalisées. Le travail du DGS est de trouver l'équilibre entre le court terme et le long terme et entre les attentes diverses des élus et des agents publics.
À qui, à quoi ressemblera la / le dirigeant(e)s de territoire de demain ?
Le DGS résistera à Chatgpt ! La capacité non pas seulement à anticiper mais plutôt à imaginer le futur restera le propre de l'intelligence humaine.
Plus concrètement, le métier de DGS va continuer à changer dans sa relations aux élus. La fin du cumul des mandats et la « spécialisation » des exécutifs locaux vient repositionner la répartition entre Président et DG. Nous ne devons pas devenir des SG comme dans les grandes entreprises et il faut expliquer aux élus que la gouvernance bicéphale est plus efficace qu'une centralisation de la fonction de PDG. La confrontation d'idées est un enrichissement et la répartition des rôles permet de protéger les élus.
Enfin, le DGS sera demain encore plus qu'aujourd'hui un ensemblier chargé de mettre de la cohérence dans les politiques publiques et ainsi de gagner en efficience en économisant les pertes de temps et d'énergie autant que les financements. Il devra conforter les réseaux inter-institutionnels pour être à l'affût de tous les financements et de tous les projets.
Mathieu LHERITEAU
Directeur Général des Services
Communauté d'Agglomération de Blois - AGGLOPOLYS
[26/04/2023]