Directrice générale déléguée aux ressources de la communauté d'agglomération Valence-Romans Sud Rhône-Alpes (51 communes, 215 000 habitants), Emmanuelle Chambard souligne l'évolutivité permanente et le caractère stimulant de la dynamique intercommunale.


Portrait d'Emmanuelle Chambard

Quelles sont les principales étapes de votre trajectoire territoriale ?

Je suis entrée dans la territoriale un peu par hasard. J'ai initialement suivi un cursus universitaire en droit privé et en finances et j'ai intégré, après trois années en cabinet d'expertise comptable, une entreprise de travaux publics où j'étais en charge des finances. Et puis, par circonstances j'ai rejoint en 1998 comme directrice le SIVOM du canton de Bourg de Péage, qui regroupait 15 communes et 30 000 habitants ; la structure avait notamment comme compétence la gestion des routes et, c'est, en quelque sorte, ce qui a fait le lien avec mes activités précédentes. J'ai ainsi découvert la fonction publique territoriale, les problématiques d'aménagement, d'organisation des services publics, bref, la vie de la cité. Entrée par hasard, je reste par conviction et pour ce faire en 2002 j'ai passé le concours d'attaché territorial afin de m'ancrer dans la FPT.

« C'était vraiment stimulant »

Les élus du territoire étaient particulièrement dynamiques : lors de mon arrivée, outre la voirie, le syndicat avaient déjà en charge les déchets et assurait la gestion de syndicats d'eau potable et de gestion de rivières. L'évolution en communauté de communes, dès le 1er janvier 2000 s'est donc faite naturellement, l'intercommunalité s'affirmant comme le moteur du développement économique et touristique local. Au fur et à mesure, nous avons investi d'autres champs, comme la jeunesse et la petite enfance, l'assainissement non collectif puis collectif, et mené également une politique de consolidation des équipements du territoire qui a abouti à la construction d'un centre aquatique. En quelques années, l'intercommunalité est passée de 5 à 80 agents et a développé une vision partagée du développement territorial. J'ai accompagné cette dynamique, en manageant les équipes, en animant le projet et en organisant les synergies communes-communauté. C'était vraiment stimulant. Cette évolutivité permanente, c'est ce qui rend si spécifique le métier de DGS d'intercommunalité. Et puis nous avons engagé le processus de fusion avec l'agglomération de Valence, le Pays de Romans et la partie drômoise de Confluences Drôme-Ardèche.

 

Précisément quels sont les ressorts de cette fusion ? Quels ont été les impacts sur l'exercice de votre métier ?

Le rapprochement avec ces intercommunalités s'est fait doucement au fil du temps. Dans les années 80, les élus se sont mobilisés en vue de la création de la gare TVG de Valence, qui se situe sur le territoire de la Communauté de communes Canton de Bourg de Péage ; ils ont décidé de créer le syndicat mixte du Rovaltain, contraction entre Romans-Valence-Tain L'Hermitage. Depuis, la gare a été construite et une zone d'activité se développe autour de projets phares en synergie avec le Département de la Drôme et la Région Rhône Alpes, depuis devenus membres du syndicat. Ces coopérations ont permis aux élus de Valence, Romans et Bourg de Péage de se connaître et de travailler ensemble. C'est ce qui a permis d'inscrire le projet de fusion dans le schéma départemental de coopération intercommunale adopté en 2011. En réalité, dès 2010, les directeurs généraux avaient organisé la concertation, le regroupement des personnels et défini le socle des compétences de la nouvelle entité, créée le 1er janvier 2014, au sein de laquelle je suis directrice générale déléguée aux ressources.

« Donner du sens »

Cette transformation a bien entendu affecté mon quotidien. Comme DGA, j'ai tout d'abord perdu la vision globale sur la structure puisque je suis désormais sur un champ spécifique. Ce positionnement différent au sein de l'institution est assez complexe ce n'est pas toujours facile. Par ailleurs, les services communautaires sont toujours implantés sur trois sites, ce qui ne facilite pas la cohésion entre les agents. A l'automne, une fois la structure bien calée, nous pourrons revenir aux fondamentaux, c'est-à-dire au projet : il importe de donner du sens aux politiques communautaires, d'éviter le repli sur soi et de développer des services pour les habitants de l'agglomération et de poursuivre le travail avec les territoires voisins notamment l'espace de coopération que constitue le Sillon Alpin.

 

Vice-présidente de l'ADGCF en charge des services publics et de l'environnement, combien voyez-vous évoluer l'association ces prochains mois ?

Bien sûr, l'association, comme centre d'expertise sur le management des politiques publiques, devra continuer à investir les problématiques liées à la réforme territoriale. Je crois aussi, et les dernières Universités d'été des directeurs généraux d'intercommunalité l'ont bien illustré, que nous devons travailler à maintenir le lien entre les DG et à faire preuve de solidarité, particulièrement envers ceux qui se trouvent en difficulté à l'issue des dernières élections municipales.

[17/07/2014]