Interview d'Arnaud Latour, Directeur Général Adjoint Proximité de la Communauté d'Agglomération du Grand Angoulême (38 communes – 143 000 habitants). 


Interview d'Arnaud Latour

Quel est votre parcours professionnel ?

J'ai d'abord suivi une formation dans le domaine de l'environnement, abordant notamment les questions du traitement de l'eau et des déchets. 

En 1995, j'ai intégré le district de l'agglomération périgourdine en tant que responsable du service déchets dans le cadre du transfert de cette compétence des communes au district.

En 1998, j'ai rejoint le syndicat départemental de collecte des déchets ménagers (Calitom, aujourd'hui) en tant que directeur du service exploitation. Ce syndicat assure à l'échelle départementale la gestion des collectes, le traitement des déchets, la mise en conformité des centres de stockage, la création de déchetteries, la prévention en matière de production de déchets…

Après un certain temps, j'ai voulu élargir mon horizon professionnel en intégrant une intercommunalité. En 2008, j'ai pris les fonctions de DGS de la communauté de communes des 3B sud Charente (devenue aujourd'hui 4B). A mon arrivée, cette intercommunalité comptait un peu plus de 16 000 habitants pour 30 communes. J'ai pu ensuite piloter une fusion avec 7 autres EPCI (2 CC et 6 SIVOS).

Suite à cette expérience, j'ai souhaité évoluer vers des collectivités plus urbaines. En 2015, j'ai donc été recruté en tant que DGA du pôle ressources de la ville d'Angoulême. Ma mission principale portait sur l'analyse des marges de manœuvre que la majorité exécutive de la ville désirait porter dans le cadre d'un plan de modernisation de la ville. 

Dans le même temps, l'agglomération a élargi son périmètre et a fusionné avec trois autres communautés de communes périurbaines le 1er janvier dernier, portant ainsi le territoire à 143 000 habitants pour 38 communes. L'agglomération a alors réorganisé ses services et son organigramme en créant une direction générale adjointe dédiée à la proximité, poste que j'occupe depuis le 1er avril. Cette direction pilote notamment les équipements culturels, sportifs, l'enfance et la jeunesse, le tourisme et le patrimoine, ainsi qu'un volet important de coopération intercommunale avec la mise en œuvre d'un schéma de mutualisation des services et le pilotage du projet d'agglomération.

 

Quel projet a particulièrement marqué votre carrière ?

Ce qui m'a le plus marqué au cours de ma carrière est le projet de fusion que j'ai pu piloter en 2012 et qui avait pour objectif la création des 4B. Il s'agissait d'un projet particulièrement intéressant car il provenait d'une initiative locale, et non pas d'un schéma imposé au territoire. Un territoire a sollicité les 3B pour étudier une fusion. Cette demande a été formulée dès 2009. Nous avons travaillé de manière collaborative sur un projet de territoire durant plus de deux ans. Dans le cadre de ce projet, nous avons questionné les conseillers municipaux sur leurs attentes par rapport à leur intercommunalité. C'est ainsi qu'on a pu investir le champ de la compétence scolaire, à la demande des élus et des conseillers municipaux qui pensaient que cette compétence pouvait être intercommunale. Nous avons également organisé le transfert d'un conservatoire présent sur la ville centre afin d'asseoir la politique culturelle de la communauté qui ne portait que sur le champ du spectacle vivant et des arts plastiques.

Dans le même temps, l'AdCF, la FNCDG et le CNFPT avaient mis en place un groupe de travail national sur les mutualisations de services et les préfigurations de GPEC territorialisées. La participation à ce groupe de travail qui nous a permis de bénéficier d'une importante étude de fond, grâce à l'observatoire national du CNFPT. Nous avons pu élaborer une cartographie des emplois et des compétences présents sur notre territoire qui a servi de socle au schéma de mutualisation des services. Celui-ci n'était effectivement pas uniquement porté sur le matériel, mais envisageait la mutualisation des services en tenant compte des possibilités d'évolution des personnels municipaux. A travers cela, nous avions aussi ouvert la possibilité que l'intercommunalité puisse porter l'ingénierie concernant la création de communes nouvelles. La cartographie dont nous disposions, ainsi que le transfert de la compétence scolaire vers l'intercommunalité, ont poussé certains élus à se questionner sur l'évolution de leurs communes en communes nouvelles. 

À travers cette expérience, j'ai pu également constater que la volonté locale ne suffisait pas toujours : ce projet de fusion n'étant pas inscrit au schéma départemental, les membres de la CDCI l'avaient dans un premier temps rejeté. Heureusement pour nous, le préfet a changé la donne ayant conscience de la logique de cette coopération, du travail effectué, et de la volonté politique locale.

 

Quel est votre projet d'actualité ? 

Aujourd'hui, mon actualité se concentre essentiellement sur le projet d'agglomération. Quatre communautés ayant fusionné, le territoire évolue et nous avons donc besoin de trouver un socle commun. Je dois également travailler à la création de ma nouvelle direction et de l'organigramme qui en découle. C'est un travail d'animation, de cohésion, de dialogue entre les directions et les cadres. Le volet managérial est assez conséquent, c'est un challenge passionnant !

 

Que vous apporte l'ADGCF ?

L'ADGCF est un réseau important de patriciens. Comme tous les réseaux, il permet beaucoup d'échanges, de partage d'expériences et d'expertises et on se sent moins seul ! 

Il s'agit d'une véritable ressource qui apporte aussi des connaissances, tout en étant chacun sur des bassins de vie différents, parfois très éloignés notamment grâce à la plateforme associative. La délégation régionale, dont je suis l'un des nouveaux représentants, met également à disposition des séminaires locaux avec des experts nationaux sur tous les sujets d'actualité. Ces moments d'échanges, mais aussi de convivialité et de belles rencontres sont souvent mêlés à des dynamiques de coopération.  

[04/07/2017]