Laurent Van Herreweghe, DGSA de Grenoble-Alpes Métropole
(49 communes – 450 000 habitants)
Quel est votre parcours professionnel ?
Après l'obtention de mon DESS Administration des Collectivités locales, j'ai intégré rapidement le Conseil Général de l'Orne au sein du Bureau du Conseil des Maires pour y accomplir une mission de conseil juridique auprès des élus locaux. Titularisé attaché territorial après réussite au concours, j'y suis finalement resté 3 ans avant de devenir responsable du service des Affaires juridiques qui avait été constitué pour renforcer la sécurité des actes de la collectivité départementale avec une focale particulière sur les marchés publics.
Après avoir réussi l'examen d'attaché principal, tout en passant le concours d'administrateur territorial, j'ai été appelé par le Président de la Communauté Urbaine et Maire de la Commune d'Alençon pour rejoindre son équipe de direction Générale. Dotée d'une Administration unique en finalisation regroupant les services de la Communauté, de la ville et du CCAS ce dernier entendait constituer une équipe de direction en mesure de répondre à ses attentes.
Parmi les premières intercommunalités à avoir engagé cette évolution organisationnelle majeure, le défi était majeur et passionnant. L'évolution professionnelle l'était tout autant puisque d'un rôle d'expert, je passais cadre supérieur en charge d'une DGA appelée à gérer et animer plus de 400 agents. Ces 6 années ont été particulièrement intenses. J'ai eu la chance de travailler avec une DGS qui me faisait confiance et qui m'a demandé de coordonner les principaux services à la population en plus de missions de gestion et d'administration des services.
En 2011, je décidais de quitter Alençon pour rejoindre Besançon et plus particulièrement la Communauté d'Agglomération du Grand Besançon où le DGS de l'époque cherchait un DGA en mesure d'animer et de coordonner des expertises à la fois opérationnelles et fonctionnelles. Pendant deux ans, j'ai donc été en charge de l'animation des services fonctionnels TIC, RH, conseil de gestion et logistique et des services opérationnels liés aux compétences culture, tourisme et environnement. Suite au départ du DGS, le Président me proposa de le remplacer.
La feuille de route du Président contenait de grands projets comme mettre en place un Tramway, la redevance incitative d'ordures ménagères et la constitution d'un pôle métropolitain tout en continuant le processus de mutualisation des services. J'ai également travaillé à la naissance de la « Cité des Arts », équipement à vocation culturelle accueillant le Conservatoire à Rayonnement Régional et le Fonds Régional d'Art Contemporain. Ce projet fut une belle occasion, de nouer une collaboration innovante avec le Conseil Régional.
L'évolution des organisations de la Ville centre et de l'Agglomération fit aboutir la démarche de mise en place d'une administration unique qui ne nécessitait plus l'existence de deux D.G.S. Profitant d'une opportunité, je décidais de rejoindre Grenoble-Alpes-Métropole où le nouveau DGS, qui venait de la Fonction Publique de l'Etat, cherchait un cadre territorial qui pourrait l'accompagner sur le projet de transformation de l'Agglomération en Métropole.
Une de mes premières missions a été de renforcer l'animation du réseau des DGS de notre territoire. Le DGS, avait compris qu'il fallait véritablement associer les collègues des communes membres dans la constitution métropolitaine, du fait des enjeux et des chantiers à réaliser pour se donner toutes les chances de sa réussite. Nous avons encore beaucoup de travail de structuration à accomplir mais nous pouvons compter sur des collègues particulièrement investis et professionnels pour que cette (r)évolution majeure aboutisse.
Quel projet a particulièrement marqué votre carrière ?
C'est une question difficile car chaque projet est porteur d'un contexte, de ses spécificités et de ses dynamiques. Cependant celui qui me paraît être le plus marquant, à ce jour, fut la réalisation du Tramway du Grand Besançon. Ce projet incarne assez bien nos réalités de dirigeants territoriaux : gérer de la complexité mariant les dimensions citoyennes, politiques, techniques et humaines.
Je pense qu'à la fin du mandat, je pourrais dire que la structuration de l'organisation administrative d'une Métropole (ce qui n'arrive surement qu'une fois dans une vie) est un projet d'une dimension encore plus impactante et complexe et donc d'autant plus passionnante !
Comment s'articulent les missions du DGS et du DGSA ?
Accepter ce poste a été un pari. Etre adjoint au DGS quand on a été DGS peut être compliqué pour certains mais notre binôme DGS-DGSA fonctionne car nous sommes complémentaires et respectueux du rôle de chacun. Comme je le disais précédemment, notre DGS est issu de l'administration de l'Etat, membre du corps préfectoral, il s'est adjoint les services d'un pur produit de la territoriale ! Ce projet de « métropolisation » est si important que nous ne sommes pas trop de deux pour structurer la transversalité !
Quel est votre sujet d'actualité ?
Le management et l'innovation. L'innovation dans le management bien sûr mais aussi l'innovation dans la structuration de notre métropole. Aujourd'hui, il nous est demandé de gérer les contraintes budgétaires tout en essayant de trouver la façon de ne pas dégrader la qualité du service public rendu. Pour ce faire, nous essayons modestement mais progressivement de diffuser cette culture de l'innovation publique. Le rôle des managers est essentiel pour envisager une telle approche. Il faut accepter les tâtonnements tout en alliant exigence et bienveillance. L'enjeu pour la Métropole est de penser son action au service des habitants et des communes en tenant compte des usages et mode de vie et des évolutions sociétales qui émergent. Cela nécessite, qu'en plus d'assurer les fonctions métropolitaines indispensables à l'attractivité de ce territoire, l'institution renforce ses collaborations et ses réseaux pour faciliter notamment l'accès de tous les métropolitains au service public. Faire en sorte que les communes soient les portes d'entrée de la Métropole. Cela nous invite notamment à repenser nos organisations en complémentarité avec celles des communes pour y trouver plus d'efficience et de subsidiarité.
Qu'est-ce que vous apporte l'ADGCF ?
L'ADGCF est un réseau d'acteurs, un réseau de collègues sur lequel nous pouvons nous appuyer, pour réfléchir sur nos métiers et nos organisations et favoriser le partage d'expériences. Prendre de la hauteur sur notre quotidien est essentiel dans ce monde où tout va trop vite. Au niveau régional, il y a une grande solidarité entre collègues. Les DGS sont souvent seuls face à leurs responsabilités et on se rend compte que malgré les différents niveaux d'intercommunalités, nos problématiques sont très souvent similaires.
Ces échanges nous permettent de nous projeter et de mieux envisager les évolutions à venir notamment dans nos métiers et notre rôle. Un des exemples concrets de la capacité de travail et de projection que nous avons grâce à ce réseau est la contribution commune remise par l'ADGCF Régionale dans le cadre de l'élaboration du SRADDET de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Nous l'avons élaboré avec des DGS issus d'intercommunalités des deux anciennes régions dans le souci d'y apporter notre regard d'experts et de praticiens.
[08/01/2018]