Interview de Florence Ravel
Communauté de communes du Pays Mornandais (COPAMO)
Rhône – 11 communes - 29 000 habitants
Quel a été votre parcours professionnel ?
De formation littéraire et plutôt axé sur les langues étrangères, j'ai un parcours atypique et riche ; je suis entrée dans le monde des collectivités territoriales en 1995, à la faveur d'un remplacement. Je m'occupais de concours, puis auprès de la DG et du Président, des assemblées et du personnel. Très vite, j'ai passé plusieurs concours pour évoluer dans les grades.
Après avoir connu le Centre de Gestion et la direction du pôle d'assistance aux vice-présidents de la Région Rhône-Alpes, je souhaitais avoir une expérience me rapprochant de l'usager, c'est ainsi que je suis devenue secrétaire de mairie d'une commune de 700 habitants, Saint-Sorlin, aujourd'hui commune nouvelle de Chabanière au sein de mon intercommunalité. Pendant 5 ans, j'ai pratiqué tous les aspects du métier communal. Forte de cet apprentissage, j'ai ensuite voulu intégrer en 2012 une commune plus importante, avec plus de moyens et des projets porteurs, voilà comment je suis arrivée DGS à Loire-sur-Rhône (2550 habitants). C'est une commune très atypique qui se caractérisait par une centrale thermique et une zone industrielle et portuaire, dotée de moyens financiers importants.
Afin de compléter mon expérience très « terrain », j'ai décidé de suivre un cycle supérieur de management de l'Inet en formation continue sur 18 mois ce qui m'a permis de valider mon Master 2 en Management Public.
Depuis octobre 2017, je suis la directrice générale des services de la Communauté de communes du Pays Mornantais. Cela fait bientôt 2 ans que je dirige près de 100 agents et le fil rouge qui me nourrit, le prisme par lequel j'appréhende toutes mes actions, est le service délivré à la population, aux citoyens.
Quel projet a particulièrement marqué votre carrière ?
Il y a forcément plusieurs projets qui ont marqué ma carrière. La fusion de l'intercommunalité de ma commune lorsque j'étais à Loire-sur-Rhône. Ce grand mouvement de fusion souhaité par la SDMCI était particulièrement ambitieux. Ma commune est alors passée d'une communauté de 16 000 à 90 000 habitants. Le territoire pouvait soit partir en bloc dans une fusion avec une autre intercommunalité, soit se disperser en s'alliant communes par communes à d'autres territoires voisins. Ce choix, la commune y a contribué par la réalisation plusieurs audits pour connaître les meilleures opportunités. L'idée était aussi d'avoir des convergences par rapport aux bassins de vie et à la volonté de développer plus de services. Tout d'abord, un audit d'opportunité a été réalisé ; dans les intercommunalités voisines, il y avait une Communauté d'Agglomération avec laquelle nous avions beaucoup d'habitudes de travail et vers laquelle les habitants se tournaient naturellement. Ce choix nous a paru évident d'autant plus que cette agglomération exerçait la compétence transport, particulièrement intéressante pour nous. Ensuite, un audit financier a démontré que cette intercommunalité présentait toutes les garanties de préservation de la fiscalité des communes en cas de fusion. C'est donc tout naturellement que la fusion a eu lieu le 1er janvier 2018 et ce fut la création de Vienne Condrieu Agglomération. C'est à ce moment-là que j'ai décidé d'intégrer pleinement le monde intercommunal et ai postulé à la direction de la COPAMO. J'ai tout de même choisi cette expérience comme projet marquant, car j'ai vraiment aimé apporter ma contribution, à l'échelle d'une commune membre, à ce projet de fusion avec les élus et les techniciens afin de créer quelque chose qui nous dépassait tous au niveau individuel. Le processus de fusion de Vienne Condrieu Agglomération a été remarquable. Cela m'a permis de toucher du doigt beaucoup plus finement les compétences et la fiscalité, d'acquérir de la technicité et cela m'a conforté dans ma vision du mode projet.
Ma nouvelle intercommunalité, la COPAMO, représente 29 000 habitants. Elle n'a pas fusionné lors des derniers mouvements mais on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve ! L'expérience nous montre qu'il n'y a pas de périmètre pertinent mais des périmètres pertinents en fonction des politiques à construire. C'est par des contractualisations à géométrie variable que nous assurons notre agilité : nous collaborons avec les intercommunalités voisines notamment sur l'office de tourisme intercommunautaire ou encore sur la question des mobilités. Nous préparons aussi l'avenir avec la métropole avec en ligne de mire un possible contrat de réciprocité à plusieurs territoires.
Quel est votre sujet d'actualité ?
Aujourd'hui, il faut savoir que la COPAMO est une intercommunalité très intégrée avec un projet de territoire à l'horizon 2030 ambitieux, portant beaucoup de compétences et notamment une Maison de services au public (MSAP). La COPAMO se trouve aux portes de la métropole lyonnaise à l'ouest alliant péri-urbain et ruralité. Sur notre territoire, nous déclinons un concept très fort que nous portons ; nous nous battons contre la conurbation, fiers de nos paysages et de notre art de vivre. L'idée est toutefois de développer des services en réseau sur le concept de villages en réseau qui coopèrent à géométrie variable et souple. L'Accueil Ressource InterCommunal (ARC) en est l'illustration : les accueils des communes et de la MSAP dispensent le même niveau d'information aux usagers sur tout notre territoire. La MSAP, est un écrin qui accueille plusieurs partenaires où l'information est facilement accessible pour le public avec notamment un guichet unique de demande de logement social, un guichet d'aide à l'amélioration de l'habitat. Cette MSAP, en plus du BIJ, accueille plus de 14 permanences (CARSAT, missions locales, Sud Ouest Emploi, CAUE, RSA, France Alzheimer etc.) ce qui permet de faciliter l'accès à l'information et des agents médiateurs sont formés pour accompagner la population dans les démarches administratives. L'actualité brûlante, c'est le travail sur l'accueil pour la PMI et la PMS du Département du Rhône. Le Département a opéré une réorganisation de ses antennes sur le territoire et s'est joint à nous pour gagner en efficience et ainsi avoir en un lieu unique toutes les informations dont aurait besoin la population. Le Département a donc ouvert un guichet et des permanences dans nos locaux et nous avons élaboré un véritable partenariat avec les services. Il y a eu une période d'acculturation entre les équipes des deux structures et nous travaillons à des connexions pratico-pratiques fluides pour l'usager. Nous travaillons aujourd'hui à un niveau de labellisation le plus haut possible.
À ce jour, la donne change pour nos MSAP car nous attendons avec impatience ce que va demander le projet Maisons France Services pour pouvoir nous adapter et aller encore plus loin dans notre accompagnement de la population. Nous travaillons aussi énormément sur un dispositif de Formation Action Management, initié par ma prédécesseure, et que nous avons repris pour répondre aux besoins d'adaptabilité des services aux nouveautés et répondre aux enjeux d'innovation territoriale. L'idée est de continuer à nourrir les équipes, qu'elles aient du plaisir à venir travailler. Ce dispositif est complètement tourné vers les agents avec une cellule de communication interne qui leur est dédiée. En tant que DGS, le management par le sens au service de nos valeurs est un point qui me tient énormément à cœur, c'est selon moi l'une des garanties d'un service public de qualité.
Que vous apporte l'ADGCF ?
L'ADGCF vous apporte plusieurs choses surtout quand on est « jeune » DGS d'intercommunalité. Dès mon arrivée, c'est tout naturellement que j'ai adhéré à l'association. Au niveau technicité, c'est une expertise au plus haut niveau, un suivi au plus près des évolutions des territoires, une contribution aux réflexions, et un partenariat avec l'AdCF qui permet de co-construire des réflexions et des positions avec les élus. Être au plus près de ces évolutions permet d'anticiper l'adaptation de nos organisations et de décliner au mieux nos services. Le partage d'expérience est accessible grâce à la simplicité et à la liberté dans les échanges et ce toujours dans une ambiance conviviale, ce qui ne gâche rien !
J'ai notamment participé au groupe de travail sur la parité ; des graines sont semées dans les territoires et j'espère qu'elles vont germer, en tout cas, nous ferons tout pour !
Depuis que je suis dans le réseau, je participe aussi chaque année aux Universités d'été qui est le temps fort de l'association. Ce dernier nous permet de nous reconnecter et d'avoir un regard au plus près des enjeux nationaux. Les Universités d'été, c'est pouvoir échanger avec les collègues, conforter nos visions de l'avenir, nous mettre en perspective et pouvoir apporter notre pierre à l'édifice de l'intercommunalité. J'en reviens d'ailleurs et je dois dire que cette édition 2019 était particulièrement réussie !
Par ailleurs, les publications de l'association permettent de nous « benchmarker », d'avoir un fil d'Ariane, et elles nous apportent une vision plus pointue sur les sujets et dans les échanges avec les élus, ce qui est primordial. Ce qui me nourrit, encore une fois, c'est le partage et ce que l'on peut co-produire au service de la population. Pour conclure, je me sens reconnaissante de l'accueil qui m'a été fait par l'association, qui m'a ouvert ses portes avec beaucoup de bienveillance et de professionnalisme.
[23/07/2019]