Interview Guy Deleon
Communauté d'agglomération Lamballe Terre & Mer Bretagne
Côtes-d'Armor – 68 937 habitants – 38 communes
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après avoir suivi un cycle de formation à l'Université de Rennes, j'ai obtenu une maîtrise en Economie et j'ai débuté ma carrière dans la fonction publique territoriale en 1983. Suite à l'obtention de mon diplôme, j'ai intégré la mairie de Saint-Brieuc en tant que rédacteur sur un poste d'adjoint à la direction des services industriels et commerciaux qui comprenait la gestion des transports urbains, des marchés, d'un camping, des gens du voyage, du stationnement payant, de la police municipale ou encore d'un abattoir. En 1985, je suis devenu attaché dans cette même mairie, puis assez vite chargé de mission à la direction du développement économique. Après 3 ans à ce poste, je suis devenu responsable du développement économique. Après plus de 10 ans au sein de la mairie briochine, 5 ans plus tard, j'ai intégré la communauté d'agglomération, qui était encore un district. Ensuite, je sui devenu DGS de Lamballe communauté pendant 7 ans avant d'être mutualisé en 2010. Et depuis 2017, je suis le directeur mutualisé de la commune nouvelle Lamballe Armor et de la communauté d'agglomération Lamballe Terre et Mer (920 agents).
Depuis le 1er janvier 2019, Lamballe Terre et Mer c'est 38 communes et 68 937 habitants.
Quel projet a particulièrement marqué votre carrière ?
Plusieurs projets ont marqué ma carrière depuis mon entrée dans la Territoriale.
Tout d'abord à la ville de Saint-Brieuc, j'ai été en charge de la création et de la mise en œuvre des « animations d'été », spectacles estivaux gratuits en centre-ville qui existent encore aujourd'hui. J'avais pour mission la création du concept, la programmation, et la gestion globale de tous les spectacles durant toute la saison : il y avait là une véritable dimension opérationnelle et culturelle, et j'ai découvert des aspects du développement d'une ville que je ne connaissais pas et que j'ai beaucoup apprécié. Par ailleurs, l'autre projet qui a particulièrement marqué ma carrière, la mutualisation des services entre la ville et la communauté de Lamballe que nous avons mis en place en 2010. Lors du départ à la retraite de mon prédécesseur, mon président, maire de Lamballe m'a proposé d'assurer les deux fonctions. Ce fut un véritable challenge managériale : l'objectif était de créer une culture commune et de mobiliser les équipes autour d'un projet de territoire, tout en assurant la transparence technique et financière. Pour finir, j'ai aussi été marqué par toutes les réorganisations territoriales liées à la loi NOTRe avec notamment la création de Lamballe Terre et Mer, résultat de la fusion de cinq communautés. Le travail sur cette fusion a commencé deux ans en amont par des rencontres avec les équipes politiques et techniques et a continué deux ans après, soit quatre ans pour mettre en place une intercommunalité qui fonctionne correctement. Cette fusion était une volonté politique marquée même si certaines communes s'y étaient opposées. Suite à la fusion, l'enjeu était de faire vivre le territoire encore une fois en créant une culture commune pour faire face à la réorganisation et au développement des services. Aujourd'hui, on s'approche d'une vitesse de croisière, et l'outil de développement du territoire sera opérationnel d'ici 2020. Dans le même temps, il y a eu un travail pour la création des communes nouvelles : Lamballe en 2016 et Lamballe Armor en 2019. Dans ces changements, le rôle du DGS comporte une dimension technique avec le déploiement de méthodologies à mettre en place mais surtout une dimension humaine qui passe par l'accompagnement des équipes autour d'une stratégie RH ambitieuse.
Quel est votre sujet d'actualité ?
Là encore, au regard de la diversité de notre territoire, je compte plusieurs sujets d'actualité.
À l'échelle de l'intercommunalité, tout d'abord la gestion budgétaire et l'équilibre du budget de la nouvelle communauté. Même si elle est dans sa troisième année, nous devons gérer l'effet de souffle de la fusion. Le pari politique est de tenir les engagements (….généreux !) de toutes les anciennes communautés dans les projets d'investissements et dans les offres de services à la population. Ensuite, continuer à gérer les effets de la nouvelle communauté concernant l'organisation et le management des services, avec quelques points de tension chez les agents. Aussi, l'une des préoccupations de la communauté est de faciliter la communication et d'instaurer un cadre de relation productif entre les agents communautaires et les agents municipaux. Enfin, autre sujet actualité est les transferts de compétences. Certaines sont effectives mais pas opérationnelles comme la GEMAPI. D'autres seront effectives dès le 1er janvier 2020 comme les eaux pluviales (avec gestion provisoire aux communes) ou encore le nouveau service de transport collectif.
À l'échelle de la commune nouvelle, il y a eu l'intégration des agents municipaux dans les services communaux ou mutualisés. Un pôle territorial délocalisé a été créé pour deux des communes qui ont rejoint la nouvelle entité ce qui signifie qu'il a fallu mettre en place de nouvelles relations entre élus et agents. Même si nous avons beaucoup avancé, nous sommes donc actuellement dans une période d'après-fusion et il reste plusieurs chantiers en cours.
Que vous apporte l'ADGCF ?
Adhérent à l'ADGCF depuis une dizaine d'années, l'association m'aide au quotidien dans mon métier de DGS. L'ADGCF c'est à la fois une dimension professionnelle et une dimension humaine. Une dimension professionnelle par un réseau qui permet de rompre l'isolement, d'échanger entre collègues ; de porter avec courage des réflexions et de partager, notamment durant les Universités d'été. J'essaie de m'y rendre chaque année, d'ailleurs j'étais présent à la dernière édition à Deauville. On se voit aussi assez souvent entre DGS bretons, ce qui permet d'entretenir les relations et d'assurer une représentation auprès de notre région. À cela s'ajoute cette dimension humaine que l'on retrouve durant ces temps d'échanges entre adhérents mais aussi avec les équipes techniques.
L'ADGCF c'est selon moi un apport de relations professionnelles et humaines, un apport de connaissance et une démarche de réflexions. L'ADGCF, c'est une association qui nous rassure en tant que dirigeants de collectivités territoriales.
[19/12/2019]