Directrice de l'association ARADEL, Association de professionnels du développement économique en Rhône Alpes, Claudine Pilton œuvre depuis de nombreuses années au renforcement des compétences et à la professionnalisation des développeurs économiques ainsi qu'à leur mise en réseau.
L'association ARADEL que vous dirigez porte, en partenariat avec le conseil régional de Rhône Alpes, un nouveau dispositif d'accompagnement des territoires intitulé l'Institut du Management des Pratiques Locales (IMPL) ayant une finalité très opérationnelle. Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit ?
L'IMPL est une démarche de formation-action qui a été lancée en 2011 sous la forme d'un appel à projets pour encourager les territoires à mieux prendre en compte la problématique des flux dans leur stratégie de développement. Ce dispositif avait pour objectif de poser les bases de l'économie de proximité dans les territoires, priorité stratégique du conseil régional. Depuis, chaque année, cinq ou dix territoires sont retenus au regard de la qualité de leur candidature et de la composition de leur équipe projet, qui doit impérativement être composée d'élu(s), de technicien(s), de responsables associatifs et de chef(s) d'entreprise pour un maximum de cinq personnes.
Comment se déroule la formation-action ?
Chaque session se déroule approximativement sur une période de six mois et s'articule autour de modules et d'ateliers. Chaque module assure le transfert de connaissances auprès des équipes projet des cinq territoires. Le premier module est centré sur la présentation d'un diagnostic socio-économique sur les moteurs du développement des territoires et leur modèle de développement. Le second module permet de repérer les actions qui ont un effet de levier déterminant sur le modèle de développement des territoires. Le 3ème module modélise la mise en œuvre des chantiers considérés comme stratégiques et réalisables. Et enfin, le dernier module est un exercice de communication où chaque équipe projet présente le résultat des travaux devant un jury composé d'acteurs publics et privés. Entre les différents modules, les équipes projet de chaque territoire organisent trois ateliers qui visent l'atteinte de deux objectifs. Le premier, partager et enrichir dans le territoire les travaux élaborés dans le cadre du dispositif. Le second, s'approprier plus facilement les méthodes et les outils destinés à accélérer le passage de la réflexion à l'action.
Au bout des six mois, chaque territoire dispose d'un diagnostic socio-économique de son territoire et de sa synthèse, d'un argumentaire sur les enjeux et de 3 ou 4 fiches chantiers en mode exécution.
En quoi ce dispositif est-il innovant ?
Sur la forme tout d'abord. L'IMPL constitue une nouvelle forme de formation/action dans la mesure où sont réunis au sein des équipes projets des compétences pluridisciplinaires (élus, techniciens, responsables associatifs et chefs d'entreprise). Par ailleurs, la méthodologie utilisée permet de supprimer de nombreuses étapes intermédiaires, de réduire les temps d'appropriation et d'accélérer le passage de la réflexion à l'action. Enfin, et ce n'est pas un détail en ces périodes de raréfaction des ressources publiques, parce qu'il ne coûte « que » 7 000 euros par territoire du fait de la mutualisation des coûts. Et au-delà, parce que l'association de plusieurs territoires dans la démarche permet à la fois d'échanger les bonnes pratiques et d'observer ce qui se passe ailleurs.
Sur le fond ensuite. L'IMPL vise deux objectifs clés. Tout d'abord, construire de nouvelles représentations partagées du territoire en intégrant la problématique des flux dans le champ de réflexion des acteurs locaux afin qu'ils disposent d'une lecture des enjeux qui ne se réduise pas à l'échelle stricte de leur périmètre. Ensuite, parce ce que ces représentations partagées sont les éléments constitutifs d'un langage commun indispensable au partage des enjeux et à la définition des actions prioritaires. Ces éléments de connaissance favorisent le décloisonnement, la mutualisation des ressources et la gestion de la transversalité des actions.
Quels sont les premiers résultats ? Et quid de l'avenir de la démarche ?
Pour les résultats les plus « abstraits », de nouvelles représentations du développement territorial plus en phase avec les réalités contemporaines ont largement émergé sur les territoires accompagnés, même si des progrès en terme d'assimilation restent à accomplir.
Pour les plus tangibles, vingt-cinq territoires ont été accompagnés à ce jour en Rhône Alpes. Et c'est au final pas moins d'une soixantaine d'actions qui ont été impulsées comme l'organisation de rencontres économiques pour faire réfléchir de concert chefs d'entreprises, élus et partenaires dans le Faucigny, la création d'un espace de fabrication numérique (FabLab) en Maurienne, la mise en place d'une conciergerie de territoire et la création d'une filière peau de carpes tannées (maroquinerie) dans les Dombes, la mise en place d'un panier de biens dans la Drôme des Collines…
Quant à l'avenir de l'IMPL, c'est au moins encore quatre territoires rhônalpins qui seront accompagnés à la fin de l'année et sans doute d'autres l'année prochaine. Et surtout, convaincus de la valeur ajoutée et de l'efficacité opérationnelle de cette nouvelle forme d'ingénierie mutualisée, nous cherchons aujourd'hui à exporter la formation-action en dehors de la région Rhône-Alpes pour en faire profiter un maximum de territoires. Alors si vous êtes intéressés, territoires ou partenaires potentiels, n'hésitez pas à nous contacter.
[27/07/2015]