Les deux derniers rapports de l'étude sur les Nouveaux modèles économiques urbains viennent de paraître.
Des guides conçus pour accompagner pas-à-pas les Collectivités dans la gestion de leurs services publics, stylo en main ! Interview.
Pourquoi parler de nouveaux modèles économiques urbains ?
Notre travail sur le sujet a débuté en 2015, en faisant le constat que l'action publique locale traverse une zone de turbulence : les habitudes des usagers se modifient, les attentes des citoyens vis-à-vis du service public se renforcent tout en étant parfois contradictoires, et la contrainte budgétaire se resserre. Parallèlement à cela, la diffusion du numérique et l'arrivée de nouveaux entrants provoquent l'émergence de nouveaux services et bousculent le rôle des collectivités.
La notion de modèle économique nous semble très utile pour aider les collectivités à comprendre ces transformations et à s'en servir pour défendre l'intérêt général. Penser « nouveaux modèles économiques » permet de trouver de nouveaux leviers, en s'interrogeant sur la valeur produite par l'action publique locale.
Vous publiez un « mode d'emploi » à destination des élus et des agents. En quoi peut-il aider les Collectivités ?
Depuis cinq ans, nous avons publié plusieurs rapports pour décrypter les mutations à l'œuvre sur les services urbains : « Qui financera la ville (de) demain ? », « Qui gouvernera la ville (de) demain ? », et « Quels seront les opérateurs urbains (de) demain ? ». Puis nous avons réalisé que l'important était surtout de partager notre méthode et les outils mobilisés : la chaîne de valeur et la matrice de modèle économique. C'est tout l'objectif du mode d'emploi : renouveler la boite à outils de l'action publique locale pour renforcer sa capacité d'action.
Ce mode d'emploi est aussi un exercice de prospective ?
L'écosystème urbain est en train de muter, c'est une certitude. Jusqu'où ? Que se passerait-il si la ville devenait « Freemium » avec des services de base gratuits pour tous, ou « effacée » avec un lissage voire une réduction des consommations, ou encore « pair-à-pair », c'est-à-dire que les services seraient entièrement produits par les habitants ? En passant par la fiction, ces scénarios aident le lecteur à se projeter dans le futur pour mieux comprendre l'impact de ces mutations et le rôle des collectivités pour y faire face.
Quel est l'objectif des « Cas pratiques » ?
Dans les « Cas pratiques », nous tentons de répondre plus précisément à des questions que se posent régulièrement les collectivités : « je renégocie ma délégation de service public », « j'élabore ma stratégie sectorielle », « je modifie la tarification de mon service public », etc. Les élus et services avec lesquels nous échangeons sont parfois en panne de solution, en particulier lorsque les recettes qui diminuent doivent couvrir des charges qui semblent incompressibles. Nous avons fait le choix de proposer un parcours en dix questions sur chacune des thématiques. Ces questions doivent permettre de poser le sujet différemment et – nous l'espérons – d'ouvrir ainsi la voie à de nouvelles solutions.
Pourquoi avoir choisi un format de cahier pratique où le lecteur doit compléter certaines parties ?
Nous ne prétendons pas apporter des solutions clés en main qu'il suffirait de lire pour relever tous les défis des services publics. C'est pourquoi il nous paraît important d'inviter le lecteur à s'approprier ce qu'il lit – stylo en main – et à l'alimenter à partir de son contexte territorial et de sa connaissance des services. Chaque territoire a des besoins spécifiques. Nous pouvions rédiger les questions, mais les réponses ne s'écrivent que sous la plume de celui ou celle qui fait vivre son territoire.
Y aura-t-il une suite ? Quel sera votre prochain sujet ?
Nous constatons que certains services sont fortement concernés par une baisse des consommations qui met en péril la viabilité de leur modèle actuel, mais qui est indispensable à accompagner si on veut s'engager dans une trajectoire de sobriété en lien avec la transition écologique. La question qui nous taraude actuellement est de savoir comment les modèles économiques de ces services peuvent muter pour s'adapter à ce nouveau défi. L'avant et l'après semblent se dessiner, mais la période de transition reste une inconnue.
Hélène DELHAY et Clément FOURCHY pour Espelia, Nicolas RIO pour Partie Prenante, Isabelle BARAUD-SERFATY pour Ibicity
[12/05/2021]