DGS de la communauté de communes Tarn et Dadou (29 communes, 51 000 habitants, dans l'ouest du département du Tarn), Anne Cucullières commente les évolutions qui affectent aujourd'hui la dynamique intercommunale.
Pourquoi avoir intégré la fonction publique territoriale ?
C'est Jacques Marsaud [ancien DGS de la communauté d'agglomération de Plaine Commune NDLR] qui m'a donné le goût de la fonction publique territoriale. Il dispensait un cours à Science Po Paris, et sa passion du métier était communicative ! A la sortie de mes études j'ai donc passé le concours d'attaché territorial, puis j'ai rapidement intégré le Conseil régional du Limousin et sa direction du développement économique. Ce fut très formateur. On avait peu de moyens, mais rechercher des solutions alternatives permettait de dynamiser l'intelligence collective ! J'y suis restée deux ans. J'ai voulu ensuite me rapprocher de ma région d'origine, la région toulousaine. C'est pourquoi j'ai rejoint le Conseil général de Haute-Garonne et, plus précisément, la direction des interventions départementales, puis à sa création, la direction de l'agriculture et du développement durable. Le contexte était bien sûr radicalement différent du Limousin. Là, j'ai eu l'opportunité de travailler avec des ingénieurs ; j'ai beaucoup appris à leurs côtés, notamment en matière de conduite de projets. En 2003, j'ai passé le concours de l'INET. A l'issue de la formation, j'ai été recrutée par le SDIS de la Haute-Garonne, en tant que directrice administrative et financière. Ce poste m'a permis d'aborder la gestion d'une grande entité de plus de 2 000 agents, mais aussi de me familiariser avec les questions de prévention et de sécurité, qui sont parfois le parent pauvre des politiques publiques. Désormais, c'est un réflexe, j'intègre systématiquement cette dimension dans les projets que je pilote.
« Des similitudes entre une intercommunalité et un Conseil régional »
En 2011, je suis devenue DGA de la communauté de communes Tarn et Dadou et, au bout d'un an, DGS. Avec le recul, je trouve des similitudes entre une intercommunalité et un Conseil régional dans leur mode de fonctionnement. Le Conseil général pour sa part est une administration de gestion et de prestations, avec des procédures plus formalisées. En intercommunalité, j'apprécie la proximité avec la population, qui permet d'avoir des retours immédiats sur les actions et les projets menés. Les agents sont également très motivés, ils ne comptent pas leur temps et leur investissement. Par ailleurs, le rapport aux élus est très différent : il faut gérer la diversité, notamment depuis les dernières élections. J'aide actuellement le Président à définir une plateforme de gouvernance sur laquelle les élus puissent tous se retrouver malgré les tensions et les interrogations actuelles.
Justement, dans quel contexte s'ouvre ce nouveau mandat pour la communauté de communes ?
Nous connaissons des changements politiques, mais aussi administratifs. On avait initié un travail en réseau avec les DGS des communes, notamment avec ceux des deux villes principales, Gaillac et Graulhet : ils assistaient à nos réunions de travail, ce qui leur permettait de connaître les dossiers. Depuis, le DGS de Gaillac a été déchargé de fonction. Il faut relancer la machine. Les incertitudes législatives pèsent également sur les débats actuels, les Elus ayant besoin d'un cadre de référence stable pour se projeter et asseoir leurs décisions. Enfin, le contexte financier n'est plus le même. Nous avons travaillé avec KPMG sur une vision consolidée des comptes communes-intercommunalité, à la fois rétrospective et prospective. On voit qu'aujourd'hui, ce ne sont pas forcément les plus petites communes qui sont en difficulté, mais plutôt celles qui portent d'importantes charges de centralité. Au niveau communautaire, l'étude a montré la nécessité de mettre en place la taxe sur le foncier bâti dans un délai assez bref pour préserver nos capacités d'investissement en matière d'équipements structurants.
« Repenser les modalités d'association des habitants »
Nous avons prévu de faire un séminaire avec les maires afin de débattre du Plan Pluriannuel d'Investissement consolidé, qui sera partie intégrante de notre nouveau projet de territoire. Nous essayons de faire des économies d'échelle, en optant par exemples pour des groupements de commandes dès que nous en avons l'occasion. Nous mutualisons également ; peu en ce qui concerne les services fonctionnels, mais davantage les services techniques comme le SIG par exemple ou encore l'instruction des permis de construire. L'autre problématique aujourd'hui pour notre territoire, c'est la retenue de Sivens qui a récemment fait la une des media. Il faut que l'on repense les modalités d'association des habitants en amont de nos projets. C'est une réelle préoccupation pour nos élus, et plus largement pour l'ensemble de nos partenaires soucieux de développer le territoire.
Qu'attendez-vous aujourd'hui de l'ADGCF ?
Je vais chaque été au Grand Bornand. C'est un moment d'échange privilégié avec les autres directeurs généraux. C'est essentiel, on partage nos interrogations, notamment sur l'instabilité générée par la succession de réformes territoriales, on se sent soutenu dans les moments difficiles. J'essaie toujours de tenir un discours positif auprès des équipes de la communauté ; en parallèle les Universités d'été permettent d'avoir des discussions plus libres avec les collègues. J'attends également beaucoup de notre délégation régionale, afin de mieux contextualiser nos problématiques et de développer des échanges plus réguliers.
[22/12/2014]