250 participants, 2 plénières, un après-midi consacré à des ateliers pratiques… Centrées sur une question spécifique –comment réduire le coût du service public sans dégrader la satisfaction du citoyen-usager?–, les 8^èmes Universités d'été avaient pour ambition de débattre de la redéfinition des contours de l'action publique dans un contexte marqué par d'importantes mutations territoriales et par la raréfaction durable de la ressource.

En introduction de la séance plénière du jeudi matin, Thomas Kirszbaum s'est attaché à décrypter les ressorts des dispositifs institutionnels de participation au sein desquels coexistent des objets, procédures et finalités très hétérogènes. Tout aussi diverses sont en effet les catégories (habitants, usagers, citoyens) utilisées pour désigner le public destinataire de l'offre de participation. Pour le sociologue, chacune de ces figures est porteuse d'une conception restrictive de la participation institutionnalisée, dont les finalités sont à réinterroger : vise-t-on à mobiliser des individus, des associations, des collectifs spontanés ? S'agit-il de les consulter pour améliorer la performance des services publics, de déléguer des missions de service public à la société civile, de co-construire des projets, d'associer les citoyens à la décision publique ? Ce premier temps de la matinée a ainsi permis de rentre compte des nouvelles dynamiques du « faire avec » le citoyen-usager-habitant et de leurs ressorts dans la refondation de l'action publique locale. Dans un contexte marquée par l'assèchement de la ressource publique et d'une demande sociale toujours plus forte, quel espace créatif et critique les intercommunalités sont-elles susceptibles de promouvoir afin d'identifier et de répondre aux besoins « réels » des citoyens ?

Dans le prolongement de cette séquence introductive, la table ronde, réunissant Didier Locatelli, Directeur général, Agence New Deal, Ludovic Noël, Directeur général, Cité du Design, Saint Etienne, Jean-Christophe Delalande, Directeur Pôle offres de services de Veolia Environnement et Stéphane Vincent, Délégué général, de la 27^ème région, a mis en exergue les méthodes, les politiques et les actions innovantes en mesure de contribuer à la reconfiguration des services publics locaux.

C'est Pierre Bauby, enseignant à l'IEP de Paris, qui a ouvert la plénière du vendredi matin, passant au crible de l'analyse les différents modèles de services publics qui coexistent en Europe et les modes de collaboration avec le secteur marchand qui les caractérisent. Ce faisant, il a interrogé l'émergence, à l'échelle européenne, d'une conception commune de l'action publique locale tenant compte des traditions nationales. Ce premier temps avait pour objectif de mettre en perspective la manière dont les pays européens ont construit leur système de services publics, de prendre la mesure de la diversité des modèles (organisation des compétences, modes de gestion privilégiés) mais aussi d'appréhender l'unité profonde qui les caractérise en Europe.

Par la suite, à travers les prises de parole de Marc Fesneau, président de la communauté Beauce et Forêt et président de la commission institutions et pouvoirs locaux » de l'AdCF, Giuseppe Bettoni, Professeur à l'université Tor Vergata de Rome et Bernard Woeffray, urbaniste à ville de Nyon, ont été évoquées, in concreto, les différentes manières dont sont gérés et évoluent les services publics dans différents pays européens (France, Italie, Suisse) à l'aune de la définition de l'intérêt général qui les sous-tend. Comme on l'a vu, le contexte actuel de crise économique, sociale et environnementale conduit indéniablement à des restrictions des moyens des autorités publiques européennes ; il appelle ainsi un retour au fondement du service public et l'organisation d'une réponse renouvelée aux besoins du citoyen européen.

NB : Les actes complets des Universités d'été, publiés en partenariat avec le Groupe Caisse des Dépôts et l'INET seront diffusés en septembre 2015

[27/07/2015]