CRTE : jouons le jeu !

« Alors, vous y allez ? ». Cette question, c'est un peu le leitmotiv qui a animé les fils WhatsApp régionaux de l'ADGCF au début du mois de janvier. L'objet de ces apostrophes numériques : le contrat de relance et de transition écologique bien sûr, déclinaison territoriale du Plan de relance promu par le Gouvernement. Il faut dire que la démarche apparaît de prime abord séduisante. Déjà, parce qu'elle simplifie ce qu'il faut bien appeler notre « maquis » contractuel en réunissant l'ensemble des dispositifs préexistants (contrat de ville, de ruralité, Etat / métropoles, de revitalisation des bourgs centres, etc.)  au sein d'un seul et unique document.
Rappelons au passage que l'émergence d'un outil de contractualisation multithématique, intégrateur et pluriannuel constituait une revendication historique de l'AdCF, désormais satisfaite par le Premier ministre. Autre motif de satisfaction pour le mouvement intercommunal, le fait que l'intercommunalité précisément soit l'échelle privilégiée du déploiement des CRTE. Mieux :  le nouveau mécanisme contractuel proposé par l'Etat affirme le « projet de territoire », constitutif de l'identité même des communautés et métropoles, comme la clef de voûte des futurs CRTE. En bref, l'ADGCF se réjouit de ces orientations gouvernementales qui consacrent in fine les intercommunalités comme le pivot et l'ensemblier de l'action publique locale.

Au-delà de ce satisfecit, ayons aussi pleinement conscience qu'il nous faudra d'ici l'été prochain surmonter de nombreux obstacles pour réussir à dépasser le stade des bonnes intentions et à engager l'ensemble de nos territoires dans un processus d'élaboration d'un CRTE, économiquement efficace et écologiquement vertueux. A cet égard, la lecture une nouvelle fois des fils WhatsApp de l'ADGCF est précieuse pour prendre le pouls de nos membres et identifier leurs éventuels réserves et questionnements.
Parmi ceux-ci, on peut sans surprise évoquer la problématique du calendrier extrêmement « serré » proposé par le Gouvernement, celle de l'enveloppe budgétaire dont bénéficieront concrètement les CRTE, celle aussi de l'ingénierie nécessaire et des moyens prévus pour accompagner nos territoires dans la construction, la programmation et l'animation d'un CRTE, sans oublier celle de l'articulation entre une démarche qui se veut contractuelle et la démultiplication, en parallèle, des appels à projets lancés par l'Etat dans le cadre du Plan de relance…
D'un point de vue plus « institutionnel », c'est surtout l'absence de coordination a priori entre les politiques contractuelles régionales et les CRTE qui laissent perplexes les directeurs généraux des communautés et métropoles, dans la mesure où elle remet bien évidemment en cause l'ambition globalisante et simplificatrice du dispositif. Enfin, d'un point de vue plus « sociologique » peut-être, c'est la capacité des services locaux de l'Etat à être au rendez-vous des CRTE et à accepter de « laisser la main » aux territoires, sans imposer, au préalable, de cadre normatif qui fait « causer » les membres de l'ADGCF…
Les prochaines semaines seront de fait cruciales pour jauger de la mobilisation des intercommunalités et de la réactivité des préfectures dans la perspective d'une signature des contrats à fin du premier semestre 2021.

Quoi qu'il en soit, pour l'ADGCF, si elle est loin d'être gagnée, la partie mérite d'être jouée. Pourquoi ? Parce que le CRTE apparaît comme l'opportunité de donner un nouveau souffle et une nouvelle tonalité au dialogue État / territoires mais aussi d'envisager, si nous parvenons à enrayer les effets d'aubaine potentiels et à porter une réelle ambition écologique, un modèle de développement plus résilient, construit autour de valeurs nouvelles.

Mes cher(e)s collègues, je profite de ces colonnes pour vous souhaiter, en ce début d'année 2021, une belle année pour vous, vos proches, vos activités professionnelles, année vive, libre et généreuse !

Yvonic RAMIS
Président de l'ADGCF